On the night of the 17th of may, in France, 6 hens were helped on their way out of the farm they were held prisoners in.
Before going to pick up these people I was afraid, very afraid, stomach ache, lots of movies in my head and in each one everything ended badly for me. But what can we learn from this? Our fear is paralyzing, our fear, if it governs us, is stronger than repression to prevent us from taking action.
I felt ashamed to be afraid because I kept asking myself : “what am I risking?”. And I knew the answer very well : “not much”. Women and men have always fought to have their rights recognized by risking death. But we are not risking death, we are risking deprivation of liberty at worst, and it is a risk we have a duty to take. Because THEIR lives are only deprivations of freedom, lives of shackles, of perpetual suffering that it is impossible for us to conceive.
These people have more bravery than any of us human allies will ever have, they resisted, survived Hell. And I have rarely felt as much admiration as I do for them, in front of their bodies broken by this system which were learning to move again, their almost featherless wings trying to beat, their legs scratching the ground for the first time. We must be their accomplices. These six hens will now live in peace in a place that will welcome them, but we must not wait until room in safe places become available to act. When there is the possibility : let’s go. But the rescues can only concern a tiny part of the oppressed and leave all the others behind.
We have to act differently, we have to learn from liberations without placements, in the wild, because this world should belong to them just as much as to us, because it already gives them back their freedom of movement. We must try to help them by every means that we have not yet exploited, and always stay by their side, learn from them because they are the most courageous people we will meet. Immerse ourselves in their realities, in the foul smells, the rows of cages, the industrialization of death, the places of death where too few humans go.
If you don’t overcome your fear, who will? If not now, when ?
In memory of our dead and for the future of the living.
[FRENCH]
Dans la nuit du 17 mai, en France, 6 poules ont reçu de l’aide pour s’échapper de l’élevage dans lequel elles étaient retenues prisonnières.
Avant d’aller chercher ces personnes j’avais peur, très peur, mal au ventre, plein de films dans la tête et dans chacun tout finissait mal pour moi. Mais qu’apprendre de cela ? Notre peur est paralysante, notre peur, si elle nous gouverne, est plus forte que la répression pour nous empêcher d’agir.
Je me sentais honteuse d’avoir peur car une question me taraudait : “qu’est-ce que je risque ?”. Et je savais très bien que la réponse était “pas grand chose”. De tout temps des femmes et des hommes se sont battu.e.s pour faire reconnaître leurs droits en risquant la mort. Nous ne risquons pas la mort, nous risquons au pire la privation de liberté, et c’est un risque que nous avons le devoir de prendre. Parce que leurs vies à elleux ne sont que privations de liberté, des vies d’entraves, de perpétuelle souffrance qu’il nous est impossible de concevoir.
Ces personnes ont plus de courage qu’aucun.e d’entre nous allié.e.s humain.e.s n’aura jamais, elles ont résisté, ont survécu à l’Enfer. Et j’ai rarement ressenti autant d’admiration que pour elles, devant leurs corps brisés par ce système qui réapprenaient à se mouvoir, leurs ailes presque sans plumes cherchant à battre, leurs pattes grattant le sol pour la première fois. Nous nous devons d’être leurs complices de luttes. Ces six poules vont maintenant vivre en paix dans un endroit qui va les accueillir, mais nous ne devons pas attendre que des places dans des lieux sûrs se libèrent pour agir. Quand il y en a la possibilité allons-y, mais les sauvetages ne peuvent concerner qu’une infime partie des opprimé.e.s et laissent toustes les autres derrière.
Nous devons agir autrement, nous devons apprendre des libérations sans placements, à l’extérieur, car ce monde devrait leur appartenir tout autant qu’à nous, car c’est déjà leur rendre leur liberté de mouvements. Nous devons tenter de les aider par chaque moyen que nous n’avons pas encore exploité, et toujours rester à leurs côtés, apprendre d’elleux car ce sont les personnes les plus courageuses que nous rencontrerons. Plonger dans leurs réalités, dans les odeurs nauséabondes, les rangées de cages, l’industrialisation de la mort, les mouroirs où trop peu d’humain.e.s se rendent.
Si tu ne dépasses pas ta peur, qui le fera ? Si ce n’est pas maintenant, quand ?
A la mémoire de nos mort.e.s et pour le futur des vivant.e.s.